Et le lui rendre
Ce dernier matin, l'as-tu ignoré ? Ne l'as-tu pas vu te lorgner le visage ? Embrouillarder tes pas ? Faire trembler tes mains ? Ne l'as-tu pas senti te serrer comme une ombre ?
Ce froissement d'oiseau derrière le carreau vide ?
Ces murmures joyeux sur l'allée désertée ?
Ne l'as-tu pas trouvé singulièrement belle
À ton poignet osseux, cette veine bleutée ?
Singulièrement beau ce tout petit enfant
Qui regarde devant et ne te voit qu'à peine ?
Ne t'es-tu autrement émue
De ce flamant figé
Sur l'étang immobile ?
N'as-tu rien senti
Se glisser sous ta peau ?
Ne t'es-tu étonnée
De ce frisson soudain
Passé sur tes épaules ?
L'as-tu humé, réflexe innocent ?
Marié à ta salive, encore une fois,
Encore…. pour voir…
Quel goût il a… le vent
Et puis le lui rendre….
Enfin….
Le rendre au vent…
Qui te l'avait prêté…
Ce souffle.