La source

01/04/2024

Jolie pompe et sa cour végétale chez Virginie, à Bédarieux.

Chez Virginie Lou il y a au moins trois sources. L'eau d'abord, symbole évident. La rivière, la nappe, le puits, l'affleurement. Eaux captées, remontées, récupérées, sources de vie qui donne vie, justement, au jardin. Immense, le jardin. Pas une démo jardimaid ou beautaverd où la domination humaine sur l'effort végétal est encore avérée et où le jardin, passé depuis longtemps marchandise, s'idéalise, se fantasme, se vend par petits bouts décoratifs, mais plutôt un désir de soi simplement dans son milieu, une réunification non mensongère, une synchronicité du vivant comme il est, comme il va. Un jardin comme il vient, comme ça chante en soi, comme ça pousse à travers soi, par soi, un jardin qui s'élance, s'ébroue, rêve de copiner avec quelques mortels, pas tous, pousser les murs. Dans cette liberté-là, rien n'est vain, tout fait source, converge et afflue vers le fleuve, il est encore un grand mot, de nos écritures. Nous voici donc. L'hiver serrés autour de la table, pas loin du poêle à bois, ou hissés à l'étage en mezzanine, dans un coin de chat, accompagné parfois de cet embobineur de Gatsby à poils noirs, véritable maître du lieu, cahier et stylo appuyés sur l'écritoire de fortune que fait un volume ventru sur l'art pictural... L'été dehors, ou dedans, ou dedans dehors, là où les mots viennent le mieux... Toujours une tasse fumante à portée de main ou un verre de vin tiré du meilleur goût, pas loin d'un amuse bouche fait maison ou d'un indétrônable paquet de chips... C'est enchanté comme un générique de Harry Potter, humain comme un film de Guédiguian, c'est intime, feutré, bavard comme une retraite tardive de jeunes pensionnaires. C'est tous les jeudis ou presque. C'est à Bédarieux au 20 ter, rue René-Cassin, la maison en bois au bout du chemin. Le prix est à la séance ou à la carte. Le site est par là: Maison de l'écriture - Bédarieux