Quid du "champ des possibles"?
Quid du fameux "champ des possibles"qui remue encore, çà et là, dans les bouches bordées de sucre de mes sœurs d'écriture ?
"... Le champ des possibles par ici... Le champ des possibles par là... Tout est permis et l'espoir…. Et le champ des possibles…"
Lui qui pérorait jusqu'à peu, écart sublimé, potentiel fantasmé
Qui s'invitait, poseur, au détour d'une phrase
Ponctuée de biscuits et de vins et de drames,
Qui d'un seul coup d'épée ouvrait les barbelés
Pour t'offrir le galop, l'horizon et la plaine
Le voilà sacrément amoché,
Le voilà salement rétréci
Ton fameux champ des possibles !
Nous trottinons dociles au rythme des repas
Tenant entre les dents titanes d'un sourire
La laisse qui nous tient, le collier et la bride
Et à tourner la tête de ce même air stupide
Nous regardons dans ceux qui trottent à nos côtés
Et voyons bien chez eux, qui en tous points nous semblent
Que nos mollets ont pris du bide
Nos gestes de la lymphe,
Nos ailes du fessier
"Et ce qui reste de l'esprit ?"
Ce peu qui nous reste d'esprit
Essaie, madame, essaie, pure nostalgie,
De retrouver la route
La sente et l'escarpe
L'ornière ou le fossé
Qui nous menaient aux champs
Ceux là qui claironnaient
De leurs coquelicots
Ces possibles joyeux
Ces chantiers de jeunesse
Ces terres ensemencées
De nos folles envies,
Ces champs que nous laissons
s'éteindre dans la nuit
Sous la veille peureuse
De nos écrans bleutés.